Libro

170 10. Les elections entre democratie et crises: l'enjeu strategique des operations electorales de l'élection ni l'existence des régimes: ces démocraties en arrivent a accorder moins de passion aux processus électoraux. L' observation n' estpas en toutpoint valable pour d'autres pays de tradition dé1nocratique el de pratiques électorales plus récentes. Al'évidence, el malgré la 1nobilisation de l' ingénierie institutionnelle et les nombreux pcrfcctionnc1nents apportés, le dispositif nonnatif et institutionncl des élcctions daos les «pays du Sud» connait une série de faiblesses qui enrachent de suspicions les scrutins ; certes a des degrés divers: les plus affectés sont ceux des Etats qui sortent de situations de crise et entrent dans le long processus de ce que l'on appelle - faute de ,nieux- de transition, elle-,ncrnc qualifiée, souvent la encare faute de ,nieux de déinocralique ; on y reviendra. 3 - Sociétés de pauvreté, éleclions de crise, élections en crise. Dans leur globalité, les «pays du Sud» sont, en effet, confrontés plus que d'autres aux difficultés de la transparence électorale: sans y insister et dans les limites inhérentes a toute généralisation, les raisons en sont connues: elles s'expliquent par la relative ancienneté de l'exercice d' élections pluralistes et concurrentielles. Pour beaucoup, celles-ci n'ont été introduitcs qu'au début des années 90, avec ce que cela signifie d'élections non encare < routinisées» et de faible familiarisation des populations électorales. Le meme constat s'a:pplique aux acteurs politiques et aux institutions n' hésitant pasa s'emparer des regles et procédures pour mieux les instnunentaliser et les détourner (cf. infra). ll y a aussi , et on serait tenté d'écrire évide1n1nent, les contextes socio-écono1niques de pays trop dé1n1mis pour que soient retnplies toutcs les conditions 1natérielles et logistiques d 'un déroulement convenable des élections. Les opérations électorales s'y font dans des économies défavorisées rendant plus ardues qu'ailleurs l' organisation et la gestion des scn1tins. Aux économies de pauvreté correspondent des élections de pauvrelé. A ces caractéristiques qui ne sont pas suffisantes a elles seules pour expliquer les difficullés rencontrées s'en ajoute une aulre: celle de la situation de crise ou de sortie de crise dans laquelle sont ccrtains pays. Dans no1nbre de cas, on attend des élcctions qu' elles remplissent d' autres fonctions que la seule désignation de représentants en conquete du pouvoir. Les priorités n'en sont plus les memes: les élections sont considérées, et elles sont utilisées daos ce but, co1n1ne tm tnoyen -le Président de la Commission électorale 1nixte indépendanle (CEMI) 101 centrafricaine din1 «les seuls 1noyens»- de mettre fin a un régime autoritaire ou encore de 1nettre fin a ces conflits qui défient tant les 1:ypologies classiques que les spécialistes de géo-politique n'hésitent pas a les qualifier de «nouveaux conflits». Les élections sont dans ces conditions pour le moins délicatcs, destinées a soldcr et concrétiscr les négociations auxquelles les crises ont donné lieu. On comprend aisément que les élections qui s ' y déroulent sont éloignées de celles des détnocraties avancées ou en voie de stabilisation. Autant de situations qui doivent etre prises en compte, par les théoriciens comme lúl J. W Sako, les Processus élecloraux et sorlie de crise, J'exemp le de la République Centrafricaü1e, Rcncontres sur les pratiques constitutionnellcs et politiqucs en Afri que: les dynamiqucs réccntcs, Cotonou, 29 septembre -1 er octobre 2005, OIF/UA.

RkJQdWJsaXNoZXIy NzAxMjQz