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168 10. Les elections entre democratie et crises: l'enjeu strategique des operations electorales l. L'épreuve de vérité Quelle que soit la nature des relations aux déclinaisons 1nultiples qui lient les élections et les crises, i1 est une constante, presquc évidente a fonnuler, la place centrale occupée par l'organisation el le déroulemenl des opéralions électorales. En dépendent la sincérité du vote et l'effectivité du suffragc universel. Daos un régi1ne détnoerarique pluraliste, une des regle1nentations parmi les plus délicates eoneeme les modalités d 'organisation des scrutins et de leur mise en reuvre afin d'assurer la liberté de candidature et de vote, de soustraire l'élection des pressions du pouvoir en place, de réaliser l 'égalité entre les candidats mais aussi entre les citoyens el les électeurs. Les opéralions électorales constituent enquelque sorte l 'épreuve de vérité des élections et de leur fiabilité qui conditionnenl leur crédibililé et leur légilimilé. 1 - Pour lever loute ambiguité et bien situer les enjeux que représentent les opérations électorales, il cst nécessairc de revenir sur la nature et la portée des critiques adressées aux éleetions et sur leur rapports avec les crises qu 'elle provoquerait, qu 'elles préviendrait ou qu'elle reglerait. II ne faut pas se tromper decible et ne pas oublier la place réservée par la théorie détnocratique a l'élection; tnode effi.cace de régulation de 1 'altérité, elle est un 1noycn de prévenir crises et con:flits politiques au 1no1nent en1cial de la dévolution du pouvoir. Plus récemment, on y reviendra, e'est en raison des ressources qu'on leur prete, que les élections sont convoquées pour contribuer au succes des processus de sortie de crise. Contrairement a un courant particulierement perceptible depuis quelques années, condamnant le processus élecloral dans son príncipe meine, ce qui esl en cause ce sont d'abord les conditions d'exercice el les tnodalités d'organisation el de geslion du processus électoral. Les itnperfections du dispositif institutionncl alimentent certes la contestation fonda1nentale et frontale du príncipe électoral; mais i1 n'en va pas nécessairement ainsi, les critiques se situant a des niveaux différents. Une des questions qui se pose est d'ailleurs de mesurer l'impact des dispositifs nonnatifs et institutionnels sur ce que beaucoup considerent co1nme une crise de l'électíon; ceux-ci ont une part de responsabilité: les regles d'organisation et de gestion de la co1npétition électorale et de sa rransparence sont essentielles pour assurer l'authenticité du suffrage. Mais el1es ne sont pas les seules. Pour certains, ce sont les conditions sociopolitiques qui expliqueraient, tnieux que d'autres l ' impossibilité d'élections fiables et transparentes, allanl jusqu'ú y voir (cause ou conséquence) la preuve de cette incompalibilité congénitale entre les conlinents hors Europe et A1nérique du Nord, l 'Afrique notam1nent et la détnocratie constitutionne11e et libérate. N'est pas non plus étranger a l'orientation de ces débats, le réajustcrncnt théorique de l' élection. Largement survalorisée en raison du contexte historique dans lequel s 'est développé le mouvement détnocratique, l'élection fait l'objet de nouvelles approches jugées plus adéquates pour assurcr ce qui est devcnu prioritaire la garantie des droits

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